Ante-1265... › AVANT LA FONDATION DE BASTIDA VILLEREGALIS

Voie antique, lo Camin d’Èissa – le Chemin d’Eysses, figure sur la table de Peutinger (4e s.) reliant Excisum (Eysses) à Diolindum (Lalinde).|BnF - Gallica

Pour fonder la bastide de Villeréal, nous dit la chronique, « Gaston de Gontaud, seigneur de Biron, concéda à Alphonse de Poitiers un lieu couvert d'une grande forêt du nom de Mont Labour... »

De cette perspective résulta la conviction générale que la cité fut bâtie ex-nihilo, dans une contrée vierge...

Pourtant, l’étymologie de Montlabour suggère une réalité différente...



Au XIIIe siècle, tant en latin médiéval qu’en occitan, Monlabor désignait non pas une forêt mais « une terre cultivée, labourée ». L'Homme s’établit dans notre région dès le Néolithique.

L’attestent silex taillés et polis régulièrement collectés (à Saint-Eutrope, Born, St-Étienne, Dévillac, Saint-Martin...) et les mégalithes qu’énumère la toponymie : Peyrelamarque, Peyre Estèbe, Peyre Traoucade et Caillaou, entre autres.

Si le dolmen de Las Tres Peyres – les Trois Pierres – à Dévillac, a été détruit en 1938, certains sont encore debout, comme celui de Larocal à Sainte-Sabine, ou les "allées couvertes" de Nojals et, ci-dessous, Vergt-de-Biron.

Le mégalithe de Vergt-de-Biron... - Photo DR

Plus d’une centaines de sépultures mérovingiennes furent exhumées à Montaut au XIXe siècle, d’autres à Saint-Martin. Tumuli et souterrains-refuges confirment un peuplement ancien : cryptes à Parisot, cluzeaux de Cluzelou à Saint-Eutrope, Lassagne à Rives, ou La Pantère à Tourliac.

Les lieux-dits conservent la mémoire de mottes castrales : Moutte, Lamoute, La Moutole, Moute-basse. On note ailleurs des mines de fer (Taillefer à Saint-Étienne) et des forges (Labrame à Vergt-de-Biron).

Le Chemin d’Eysses

À la fin des années 1970, les anciens nommaient encore le chemin de Vergnes Lo grand camin : « Tanben disián Lo Camin d’Èissa » – le Chemin d’Eysses, une voie antique répertoriée dans la table de Peutinger (4e s.) reliant Excisum (Eysses) à Diolindum (Lalinde), au long de laquelle furent fondées les bastides de Monflanquin, Villeréal et Beaumont. (Photo d'en-tête)

Pourtant, si un peu partout sont revenus à la surface tessons et fragments de tegulae, ces tuiles antiques plates, à rebords, on recense peu de vestiges gallo-romains remarquables, si ce n’est des fondations à Montaut, la belle colonne de Saint-Étienne-de-Villeréal (ci-dessous) ou un rare cachet d’oculiste romain trouvé à Villeréal à la fin du XIXe siècle.

♦   Lire aussi  |  Le cachet à collyres des oculistes romains de Villeréal (Lire...)

Sur la place de Saint-Etienne de Villeréal, la belle colonne gallo-romaine... -  Coll. Jacques Laurière

Texte & illustration : Jean-Paul Epinette