01/11/2021

In Memoriam › MAURICE BENOÎT, UN FILS DE SON PAYS

Maurice Benoît, au stade , devant la porte du vestiare de l'arbitre, au milieu des années 80. || Photo © Jean-Paul Epinette

Maurice Benoît vient de mourir. Il avait 72 ans. Ses derniers mois furent un calvaire. De ceux que procure la maladie. Implacable. Impitoyable.

Malgré cela, il attaqua la dernière côte de son existence comme le battant que ses potes de Cyclo 4 connaissaient bien : dressé sur les pédales. Décidé à passer le sommet. À l'arrache...



Maurice Benoît était un caractère. Acharné dans tout ce qu'il entreprenait. Passionné dans le débat. Ne reniant jamais ses idées. Passionné, aussi, pour son pays au point d'avoir choisi d'être paysan.

Francis Lacombe, l'un de ses grands copains, ancien président de l'US Villeréal Rugby, se remémore le parcours de Maurice : « Il a commencé comme menuisier charpentier. Et puis un jour, pour prendre la suite de son beau-père, il a décidé de devenir paysan. Je me souviens des réunions de bureau de l'USV quand Maurice arrivait, bien échauffé par une réunion de la Cuma qui avait duré, on savait que notre tour de table allait être animé !»

Car, le rugby pour Maurice Benoît, ça comptait. Il joua, bien sûr, avec ses copains, sous la tunique Bleu & Or. Mais ce qui le passionna aussi c'était l'arbitrage. Il tint le sifflet durant plusieurs années. Avec caractère.

Il en fallait pour arbitrer – sur le pré de Villeréal – sa propre équipe ! Mais une fois le trille final lancé, Maurice passait derrière la balustrade et, là, il redevenait le parfait supporter de l'USV. Chauvin si besoin.

Alors, on entendait sa forte voix traverser la pelouse, interpellant l'arbitre pour lui rappeler les articles du Code, et s'indigner avec éclats de les voir interprétés d'une façon peu orthodoxe à sa guise.

Le rugby, jusqu'au bout, l'aura fait vibrer.

Et ses proches savent la fierté qu'il éprouvait à voir deux de ses trois petits-enfants exceller balle – ovale – en main : Lucas qui évolue sous les couleurs de 4 Cantons-BHAP, et Clémence qui porte le maillot du SUA (U18) et qui pourrait bientôt connaître le haut niveau.

Un sur-actif avec un gros mental

Mais Maurice n'aimait pas seulement le rugby. Lui qui avait fait ses premières armes au volant d'un karting sous la houlette de René Miraben, rejoignit quasiment dès sa création le peloton de Cyclo 4. Sur le vélo, également, il refusait d'abdiquer.

« Un sur-actif avec un gros mental » résume son copain Francis, qui rappelle que Maurice fut même un temps peintre chez son frère, et qu'il développa une spécialité agricole en circuit-court : la pomme-de-terre du pays frite à la graisse d'oie qu'il faisait pousser sur sa propriété, à Saint-Étienne, pour la vendre, l'été venu, au marché des producteurs, le lundi, sous la halle.

Maurice laissera aussi des copains dans la tristesse parmi les anciens du comité des fêtes de Saint-Étienne et au sein des Saltimbranques, la troupe de théâtre de son pote Mautord avec qui il livra aussi quelques bons  matchs de rugby. Et de grands moments de convivialité.

De toutes ses fibres, Maurice Benoît était un authentique fils de son pays. Nos pensées vont à Ginette, son épouse, à Céline et Marc, ses enfants, et à toute sa famille.

Jean-Paul Épinette


 — La levée du corps aura lieu mardi 2 novembre, à 9 heures, à la chambre funéraire.

 

01/11/2021