Reconstruction › JEAN-PASCAL ET ANDREIA RODOT : LA DÉTERMINATION INCARNÉE
Dans la nuit du 3 au 4 juillet dernier, la pâtisserie de la rue Saint-Michel était ravagée par les flammes. Pour le jeune couple Rodot, le projet de leur vie n'était plus que ruines...
Que sont-ils devenus ? C'est sous ce titre que le journal Sud-Ouest a consacré un grand article à Jean-Pascal et Andreia Rodot. Sous la plume de Pierre-Antony Épinette et avec son autorisation, nous le reproduisons ci-après, in extenso...
« Depuis qu’on retravaille, ça va. » Ces mots ne sortent pas de la bouche d’un commerçant « non-essentiel » autorisé à rouvrir récemment. Ce sont ceux de Jean-Pascal et Andreia Rodot, jeunes gérants de la pâtisserie du même nom – anciennement Blanchard – partie en fumée la nuit du 3 au 4 juillet dernier.
Un incendie qui avait plongé la communauté villeréalaise dans la consternation.
Si Jean-Pascal, pâtissier-chocolatier de métier, se félicite de pouvoir retravailler, c’est grâce à son frère Fabrice, sinistré lui aussi puisqu’il est le chef du restaurant L’Atelier, à Issigeac (24). Faute de pouvoir ouvrir, ce dernier lui prête sa cuisine et a ainsi permis à Jean-Pascal de préparer des bûches de Noël et sans doute d’ici peu, quelques galettes des Rois.
Le bonheur des uns faisant parfois le malheur des autres, si Fabrice est autorisé à rouvrir, Jean-Pascal devra laisser la place…
Mais les Rodot villeréalais ne se laissent pas abattre. Au terme d’un été moralement difficile pour le couple, où l’idée de tout arrêter et de partir leur a traversé l’esprit, Andreia et Jean-Pascal ont repris du poil de la bête.
Quitte à repartir de zéro, autant que cela nous corresponde à 100 %
Leur objectif : le 1er octobre 2021. « À cette date, nous aurons rouvert », assure Andreia. Le chantier de démolition est presque terminé, seule une étude du sol prévue début janvier devra déterminer s’il faut absolument tout casser, y compris les murs et la dalle, ou si l’on peut reconstruire en partant de l’existant.
Pour la suite, les idées sont déjà en place : « On repartira globalement sur la même chose – pâtisseries, chocolats, viennoiseries, salon de thé – avec une façade identique, mais nous apporterons quelques changements à l’intérieur pour y apposer une touche personnelle et chaleureuse. Car quitte à repartir de zéro, autant que cela nous corresponde à 100 % », explique Jean-Pascal, qui promet aussi quelques surprises.
« Par exemple, je vais faire un peu de pain. Je m’étais formé juste avant que ça brûle et je veux, en très petites quantités, proposer quelques pains qu’on ne trouve pas ailleurs, avec des farines 100 % locales.»
D’ici là, le couple, encore marqué par l’incendie – « Je sens encore l’odeur du brûlé et la nuit, le moindre bruit me réveille en sursaut », confie-t-il – devra faire preuve de patience, car le temps des assurances n’est pas celui des entrepreneurs.
Si à ce jour, la reconstruction est prise en charge sans difficultés, Jean-Pascal déplore de n’avoir rien touché pour la destruction du matériel, bien qu’il ait fourni les factures. Quant à la perte d’exploitation, « elle ne sera versée que quand on rouvrira, quand on aura un euro dans la caisse, pas avant », regrette Andreia.
Aujourd’hui, le couple vit sur la trésorerie restante au moment de l’incendie et grâce à l’élan de générosité qui leur avait permis de récolter près de 12 000 euros.
« Les gens ont été extraordinaires. C’est cet argent-là qui m’a permis de racheter du matériel pour préparer les bûches de Noël », conclut Jean-Pascal.
Des bûches qu’il était possible de réserver au 06 47 41 38 85. Comme les galettes à venir…
Pierre-Antony Epinette in Sud Ouest du 31/12/2020