30/03/2020

Confinement › UN MARCHÉ... DE GRÉ À GRÉ

Image unique : en 750 ans, rarement la place de la halle n'a offert un tel visage un jour de marché...|Photo © Jean-Paul Epinette.


« De gré à gré »... le dico nous dit : Par un arrangement qui satisfait les personnes en présence. L'on aurait pu dire aussi « Bon gré, mal gré »... De bon cœur ou en se résignant.

Car, qu'on le veuille ou non et quoiqu'on en pense, il faut se plier aux règles de sécurité qu'impose l'épidémie.

C'est ce qu'ont fait samedi marchands et chalands qui ont pu mesurer leur chance de voir le marché de Villeréal bénéficier d'une autorisation préfectorale...



Bon gré, mal gré, chacun a joué le jeu. Et l'on peut même affirmer : de bon gré ! Chacun a offert une belle image de comportement citoyen. C'était d'ailleurs dans l'intérêt de chacun. Des chalands consommateurs comme des marchands.

Beaucoup de ces derniers avaient tremblé à la perspective de devoir rester cloué à la maison. Surtout les producteurs. Ceux qui voient leur production grossir inexorablement  et les perspectives d'écoulement se fermer les unes après les autres.

Avec l'arrivée du printemps, impossble d'endiguer les productions maraîchères. Salades, carottes, navets, etc. étaient condamnés à pourrir sur pied ou à monter en graine. Même chose pour les éleveurs. Ou les marchands qui ont du stock périssable.

Certes, la grande distribution avait offert d'accueillir des producteurs locaux. Mais pour les intéressés, cela paraissait difficile à organiser et peu rentable. Marie-Laure et Jeanne – Tout-un-Fromage – ne voyaient pas comment elles auraient pu vider leur camion pour aller installer des tréteaux entre les linéaires d'Inter ou de Carrefour !

Même inquiétude pour  l'élevage-charcuterie Jaffrennou dont il aurait fallu continuer d'alimenter les porcs, sans perspective de vente, avec des frigos pleins...

Quant à la solution "Vente directe sur place" elles impliquait, pour une majorité de clients, un long déplacement difficilement justifiable dans le cadre de contrôles de plus en plus pointilleux.

 Les distances de sécurité ont été largement appliquées... - Photo © Jean-Paul Epinette.

Tout le monde a donc appliqué les consignes avec la plus grande conscience. Personnel municipal, agent de sécurité, placier ont été mobilisés. Dans un intérêt économique immédiat et évident, bien sûr, mais aussi - et c'est notable – parce que le plus grand nombre a désormais intégré la réalité du risque et l'importance vitale des fameuses "mesures barrière".

Les consignes respectées

Des mesures que la pharmacie Mondérer, au bas de la rue Saint-Michel, a mises en oeuvre de façon concrète : caisses retournées et ruban adhésif matérialisent l'interdiction de franchir le seuil. Les pharmaciens recueillent  presciption médicale et carte vitale sur le trottoir et chacun fait la queue, dehors, avec une attention redoublée.

 L'entrée de la pharmacie n'est plus accessible au public. Les transactions se font sur le trottoir... - Photo © Jean-Paul Epinette.

Mais on ne saurait conclure cet article sans avoir une pensée pour tous les professionnels confinés qui ne peuvent travailler et que les jours qui viennent inquiètent : « Moi, si je ne vends pas, comment je vais croûter ? » s'inquiétait l'un d'eux. Les réserves manquent pour encaisser le choc. Certains perdent du stock. Les charges continuent de courir...

On a une pensée aussi pour ces restaurateurs de Villeréal à peine installés, ou qui venaient d'ouvrir, ou qui étaient sur le point de le faire. Et ceux qui l'étaient déjà ne sont pas mieux lotis...

La satisfaction du maire

Pierre-Henri Arnstam a « beaucoup apprécié le comportement général samedi matin ». Il s'était engagé auprès de la préfète à « prendre les mesures nécessaires pour assurer une bonne sécurité aux marchands comme aux acheteurs.»

Les engagements contenus dans l’arrêté signé mercredi par Béatrice Lagarde ont été tenus.

« Je remercie Dominique Jegou, le placier, insiste le maire, les commerçants et producteurs présents ainsi que tous les clients qui ont respecté les distances indispensables pour lutter contre la propagation du virus.Je compte sur tous pour qu’il en soit de même les prochains samedis, ce qui permettra à celles et ceux qui souhaitent acquérir des produits frais de les trouver au coeur du village, et aux producteurs de pouvoir vendre leur production sur un marché qui a traversé les siècles depuis sa création en 1269. »


 

 

 

 

 

30/03/2020