Troubadour › HUBERT LASSERRE NOUS A QUITTÉS
Vaincu par la maladie, Jean-Hubert Lasserre s'est éteint hier jeudi à l'âge de 85 ans. Passionné par Villeréal et son pays, son histoire, ses traditions, musicien, homme de plume, Hubert était le fondateur des «Troubadours de Guyenne» - Portrait...
Fils de la terre, amateur de son terroir, Hubert Lasserre chroniquait son pays depuis qu'il avait pris sa retraite il y a un quart de siècle. « Les Troubadours de Guyenne » c'était lui, l'orgue de l'église aussi. Historien, généalogiste, collectionneur et homme de plume... son dernier ouvrage s'intitulait « L'Oncle de Sénèque ».
Sénèque, c'était le surnom de ce vieil homme qui racontait à ses petits-enfants la vie de ses ancêtres paysans enracinés sur cette terre appelée « Sénèque ». On retrouve, dans le livre lieux-dits et patronymesd'un Clochemerle local qu'animent des habitants à la langue bien pendue. L'Oncle de Sénèque, ç'aurait pu être Hubert Lasserre lui-même tant l'homme était tout entier pétri de son pays.
Pour en épouser toute la substance, il s'était aussi fait tour à tour musicien, peintre ou photographe, animateur de groupe folklorique et même généalogiste. A peine rappelé qu'il était né en 1924 à la « Madeleine » à Bournel, il nous embarquait dans sa machine à remonter les générations. Famille originaire de Saint-Martin de Ferrensac. Un mariage à Paulhiac. Une arrivée à Bournel en 1870.
On peinait à le suivre dans ce dédale rétrospectif. « Ma mère était d'une famille de métayers du Rayet, près du Château. J'étais fils unique... » S'enchaînaient alors l'évocation d'un père dans les tranchées de Verdun, la Légion d'honneur, une enfance autour de Bournel, le Certificat d'études « à pas encore 12 ans, et premier du canton ! » et son peu de goût pour prendre la suite du père.
C'est la musique qui enleva le petit Hubert au dur travail de la terre. Avec « M. Depois, premier prix du conservatoire de piano qui venait à vélomoteur depuis Cadouin. » A la Libération, le voici au secrétariat de mairie de Villeréal « à distribuer des cartes d'alimentation aux côtés de Raoul Vernet ». L'État-civil servit de déclic à son penchant pour l'histoire et la généalogie.
Le Crédit agricole qui se développait à l'orée des années 60 le recruta. Il dévalisa les rayons histoire et littérature locale des bibliothèques et des librairies et découvrit les Archives départementales...
Après avoir sillonné les routes de France avec « Les Troubadours de Guyenne », il prit la plume pour écrire « Villeréal et sa contrée » (1984), premier d'une série de livres souvent publiés à compte d'auteur (1). « L'Oncle de Sénèque » est son dernier.
Des histoires « à pisser aux culottes » notait-il dans un éclat de rire. Publié en Français et en occitan, avec le souci constant qui animait alors Jean-Hubert Lasserre, de partager ses passions et ses trouvailles. « De partager et de donner aux autres, ajoutait-il, car je suis un amateur ».■
• Jean Floissac lui rend hommage sur l'antenne de Radio 4 :
(1) - Ouvrages disponibles à la Bibliothèque Roger Bissière et en vente à la Maison de la Presse.
