28/07/2017

Disparition › ANCIEN DE LA DEUXIÈME DB, RENÉ THOUZARD EST DÉCÉDÉ

Le Villeréalais René Thouzard, héro discret des Forces françaises libres|Photo © jean-Paul Epinette - icimedia@free.fr

À la Libération, il avait compté parmi la poignée de Français qui avait débarqué sur les plages de Normandie avec la 2e division blindée du Général Leclerc. René Thouzard habitait depuis quelques années rue Saint-Michel. Nous l'avions rencontré au début de l'été 2014 pour le portrait que Le Journal de Villeréal, lui avait consacré dans son numéro 58. Pour honorer sa mémoire, nous republions l'article ci-après...



En décembre 1942, dans sa Picardie natale occupée par les nazis, le jeune garçon boucher n'a pas fêté ses vingt ans l'esprit libre. Vichy venait de décider que tous les hommes à partir de 18 ans iraient travailler en Allemagne.

Il n'a alors qu'une idée : quitter la France et rallier les Forces françaises libres en Afrique du nord. Neuf mois plus tard, il
reposait les pieds sur le sol de la patrie. Mais cette fois avec les blindés de Leclerc.

René Touzard
"Si c'était à refaire, je recommencerais …"

L' idée avait mûri dès 1941. Ne pas rester passif face à la menace. Un membre des Jeunesses hitlériennes, cantonné dans le coin, l'avait averti : « Un jour, on vous zigouillera tous ! »

Désormais, le STO à son tour menaçait tous les hommes. Et même les femmes. En Picardie, les réseaux s'organisaient pour exfiltrer les aviateurs anglais abattus. René en profita moyennant 4 000 F au passeur.

Une dure épreuve commençait. Arrêté à la frontière espagnole par la guardia civil, il se retrouvait à la forteresse de Pampelune, puis dans un camp de concentration. Dix mois d'une éprouvante détention dont il fut tiré par le consul du Canada.

Sans plus attendre, René Touzard et ses compagnons embarquèrent pour Casablanca se lançant aussitôt dans un porte-à-porte auprès des armées alliées.

La 2è division blindée de Leclerc, créée six mois plus tôt, lui fit signer un engagement volontaire. On était en novembre 1943. En mai de l'année suivante, René passait en Algérie avec armes et bagages, prenait le bateau à Mers-el-Kébir et, après onze jours de mer, posait le pied en Angleterre.

Sans rien connaître de la mission qui l'attendait lui et ses copains. Le Jour J venait d'avoir lieu ; dès que la voie serait ouverte, la 2ème DB entrerait en action.

Pour René, ce fut le 1er août à Grandcamp, entre les plages d'Utah et d'Omaha. Dès lors, les combats s'enchaînèrent
: Normandie, bataille de Paris, campagne d'Alsace et libération de Strasbourg.

Cette dernière bataille lui vaudra ainsi qu'à la 2ème DB, une distinction américaine rarement accordée à des étrangers : la Presidential Unit Citation, ce ruban bleu encadré d'or, qu'il porte au revers de sa veste.

1946, l'aventure était terminée, René démobilisé, la 2ème DB dissoute. Sans travail, il partit combattre les incendies dans les Landes C'est là qu'il rencontra sa future femme, Pierrette, près de Saint-Vincent de Tyrosse.

Retraité de la SNCF, il renouera avec le sud-ouest. Après Monpazier où il passait ses vacances en famille, il choisit Villeréal
pour pouvoir soigner son épouse alors sur un fauteuil.

À 92 ans bientôt, René Touzard n'a jamais baissé les bras. « Il nous fallait faire notre devoir. Si c'était à refaire, je recommencerais ! »  ■

Jeudi 28 juillet, dans son édition matinale, Radio 4 nous apprenait le décès de ce héro des Forces françaises libres, affable et toujours discret. René Touzard aurait eu 95 ans en décembre prochain.

Les Villeréalais adressent à sa famille leurs sincères condoléances.

René Thouzard comptait parmi les rares Français décoré de la Présidential Unit Citation par les Américains...  - Photo © jean-Paul Epinette - icimedia@free.fr

 

 

 

 

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